À l’ère des réseaux sociaux, où les corps parfaits et les images retouchées sont mis en avant, il est difficile de trouver des personnes qui ont entièrement confiance en leur apparence. Pour Halloween, pensez à vous plonger dans un double programme effrayant composé de *The Substance* et *A Different Man*.
Les deux films, *The Substance* et *A Different Man*, sont centrés sur le thème d’acteurs vulnérables qui modifient leur apparence dans une tentative désespérée d’améliorer leur vie. Ces personnages croient que changer leur apparence résoudra tous leurs problèmes – qu’il s’agisse de succès, de romance, de richesse ou de respect – et considèrent leur apparence comme le principal obstacle à la réalisation de leurs désirs. Ils ont recours à divers moyens, des procédures médicales de pointe aux drogues illicites et aux thérapies expérimentales, mettant souvent leur vie en danger. Si leurs transformations semblent au départ améliorer leur situation…
La véritable horreur surgit : la beauté extérieure ne parvient pas à remédier aux luttes intérieures. Les protagonistes deviennent finalement des incarnations des défauts qu’ils essayaient d’échapper, mettant en lumière une réalité effrayante particulièrement pertinente aujourd’hui, où beaucoup d’entre nous ont tendance à se fier rapidement à des filtres et à des améliorations cosmétiques au lieu de s’attaquer à nos insécurités profondes et à nos problèmes d’estime de soi par le biais de la thérapie et de l’autocompassion.
Cette année, *The Substance* est rapidement devenu un favori d’Halloween. De nombreux fans ont commencé à adopter le « masque de The Substance » comme une option de déguisement créative de dernière minute. Plus qu’un simple film d’horreur corporel, il s’agit d’une satire acerbe du vieillissement, de la vanité et des normes de beauté irréalistes imposées aux femmes, même au milieu du plaidoyer continu en faveur de la positivité corporelle. Son portrait de la dysmorphie corporelle est étonnamment perspicace, montrant comment nous pouvons être des critiques sévères de notre corps, indépendamment des assurances selon lesquelles le corps que nous n’aimons pas et celui que nous apprécions font partie de nous.
horreur corporelle dans THE SUBSTANCE (2024) dir. coralie fargeat pic.twitter.com/mTCxIR5lXP
— bethany (@fiImgal) 23 octobre 2024
Dans le film, Demi Moore livre une performance exceptionnelle dans le rôle d’Elizabeth Sparkle, une diva hollywoodienne autrefois vénérée dont l’étoile s’estompe. Devant se faire remplacer dans une émission de fitness par une concurrente plus jeune, Elizabeth découvre un traitement illicite appelé « The Substance », qui manifeste un alter ego jeune nommé Sue (brillante interprétation de Margaret Qualley). Au début, la vie semble glamour alors que l’effervescente Sue revitalise la carrière et la vie sociale d’Elizabeth. Cependant, alors que la volatilité de Sue fait surface, Elizabeth s’expose sans le savoir aux graves effets secondaires de la concoction vert fluo. En fin de compte, le charme originel de Liz diminue, ce qui conduit à un dénouement dramatique décrit par la réalisatrice Coralie Fargeat comme la conservatrice du « Picasso des attentes masculines » concernant le physique idéal des femmes !
L’expérience de *The Substance* avec plus d’un millier de spectateurs enthousiastes au MAMI Mumbai Film Festival a été inoubliable. Les réactions du public lors du point culminant tant attendu, qui confronte les spectateurs à une horreur corporelle viscérale, étaient palpables. Le film rend hommage aux grands du genre, comme *The Fly* de David Cronenberg, et sa critique incisive des perceptions masculines de la « femme idéale » est à la fois dérangeante et stimulante. Même la superbe Demi Moore incarne le thème du film, illustrant efficacement l’insécurité qui peut affliger même la plus conventionnellement belle.
*A Different Man* s’éloigne du genre du body horror, à l’exception d’une scène mémorable où Edward Lemuel, joué par Sebastian Stan, efface progressivement son propre visage pour dévoiler une nouvelle identité. Ce thriller psychologique se déroule à New York, où Edward, un acteur en herbe atteint de neurofibromatose, assimile son apparence à une barrière affectant ses interactions sociales et conduisant à l’isolement. Après qu’une dramaturge, Ingrid Vold (Renate Reinsve), s’installe à côté, Edward, amoureux, opte pour une procédure expérimentale pour inverser sa défiguration faciale.
Il est désormais incroyablement beau, mais son nouveau visage ne lui garantit pas la vie tranquille qu’il avait imaginée. Des complications surviennent avec l’arrivée d’Oswald (joué par le captivant Adam Pearson), un individu charismatique qui partage la même condition qu’Edward. Edward, désormais agent immobilier opérant sous le nom banal de « Guy », apprend bientôt que sa transformation extérieure n’était pas le moindre de ses obstacles.
*A Different Man* d’Aaron Schimberg mêle la fixation d’Edward sur son ancienne apparence à un récit à l’humour noir. J’ai également vu ce film au MAMI Mumbai Film Festival 2024, où les scènes décrivant la descente d’Edward/Guy dans le désespoir ont suscité à la fois le rire et l’introspection. Le film évoque l’horreur des possibilités manquées, illustrant comment Guy gaspille une seconde chance de vivre la vie à laquelle il aspirait parce qu’il n’a pas pu faire face aux défis psychologiques plus profonds qui ont un impact sur son estime de soi. Cela résonne profondément, poussant les spectateurs à réfléchir au vide qui se cache derrière nos expériences organisées et les masques que nous portons pour répondre aux attentes perçues.
Un homme différent (2024) réal. Aaron Schimberg pic.twitter.com/8mpWHHDphi
— sensation vanille (@vbarn3s) 31 juillet 2024
Si seulement j’avais une pièce de dix cents pour chaque film que j’ai vu cette année et qui met en scène des protagonistes qui calquent leur vie sur les succès d’autrui, j’en aurais deux. Il est curieux que deux films de ce genre soient sortis si près de la saison d’Halloween.
Malgré leurs différences thématiques, il existe des parallèles entre *The Substance* et *A Different Man*. Ils intègrent tous deux le motif des masques représentant des moi passés qui animent les récits. Tous deux sont sûrs de divertir tout en provoquant un malaise, laissant le public s’interroger sur la façon dont il se perçoit. Sommes-nous simplement victimes des circonstances ou adhérons-nous à des croyances erronées sur nos identités ?
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