
À la découverte de l’esthétique audacieuse et du récit mixte d’O’Dessa
Le dernier film de Geremy Jasper, O’Dessa, est une suite dynamique de son film à succès de 2017, Patti Cake$. Visuellement, le film adopte une approche maximaliste. Chaque scène éblouit par une explosion de couleurs fluo, des décors encombrés débordant de bibelots éclectiques et des costumes qui mélangent une variété de textures dans une explosion de couleurs et de styles.
L’intrigue réinterprète avec ambition le mythe classique d’Orphée et Eurydice, en le plaçant dans un monde dystopique rappelant Mad Max et Blade Runner. Les thèmes centraux explorent des concepts profonds comme le pouvoir transformateur de la musique, de l’amour et de l’intersection des deux.
Cependant, malgré ces nobles ambitions, l’expérience globale de visionnage d’O’Dessa peut s’apparenter à celle d’une longue bande-annonce. Il y a une vision artistique claire et une ambition louable, mais le film manque de la profondeur nécessaire pour valider sa durée de 106 minutes.
Le scénario semble être un patchwork de tropes familiers. Le personnage principal, O’Dessa, jouée par Sadie Sink, est présentée comme une jeune fille de ferme solitaire en quête d’aventure. Sa quête pour poursuivre un grand destin en tant que « celle qui pourrait remuer les âmes » avec sa guitare soulève des questions intrigantes sur l’identité et le destin, en particulier compte tenu de sa désignation comme le « septième fils d’un septième fils », bien qu’elle n’ait pas de frères et sœurs.
Après la mort de sa mère, due à une maladie non précisée, O’Dessa se rend à Satylite City, un endroit en proie à la corruption sous la direction tyrannique de Plutovich (Murray Bartlett), qui dirige un concours de talents impitoyable aux enjeux terribles. Au cours de son aventure, elle rencontre Euri (interprété par Kelvin Harrison Jr.), un musicien talentueux et escort-girl réticent, et les deux tombent instantanément amoureux. Lorsqu’ils sont séparés de force, O’Dessa doit affronter un territoire dangereux pour le sauver.
Bien que le scénario suggère une narration riche, O’Dessa est en difficulté dans son exécution. Les points clés de l’intrigue manquent d’exploration approfondie, ce qui conduit à une expérience où le développement des personnages semble simpliste et sans inspiration. Bien que les acteurs livrent des performances allant de compétentes à louables, elles sont éclipsées par le rythme effréné et les éléments visuellement chaotiques. Le portrait de Neon Dion, l’impitoyable maîtresse d’Euri, par Regina Hall est divertissant, mais le public se souviendra peut-être d’elle davantage pour son apparence frappante que pour l’essence de son personnage.
Malgré les costumes élaborés d’Odile Dicks-Mireaux et d’Anna Munro et les décors imaginatifs de Scott Dougan, Satylite City ne parvient pas à établir un contexte historique convaincant. Cette absence le fait se fondre dans la myriade de paysages cyberpunk qui l’ont sans aucun doute influencé.
De plus, le lien émotionnel brut entre O’Dessa et Euri, bien qu’apparent, manque des niveaux de complexité nécessaires à un engagement plus profond. Leur amour est décrit à travers des regards nostalgiques et des interactions ludiques, mais l’absence de conflit ou d’une histoire de fond nuancée rend leur lien superficiel. Il en résulte une expérience de visionnage qui rappelle une publicité plutôt qu’un récit entièrement étoffé.
O’Dessa est présenté comme un opéra rock, avec de nombreux interludes musicaux, mais il peine à proposer des chansons mémorables. Si les mélodies créées par Jasper et Jason Binnick ont une certaine douceur, elles manquent en fin de compte d’une qualité distinctive qui laisserait une impression durable. Le film tente de présenter O’Dessa comme une figure messianique capable de transformer l’humanité par sa musique, un objectif ambitieux qu’il n’atteint pas. Ce cadre place la barre si haut que le film échoue inévitablement à l’atteindre, manquant de l’impact palpable d’une mélodie véritablement transformatrice.
L’approche innovante de la représentation des genres est un aspect qui pourrait trouver un écho auprès des spectateurs. O’Dessa et Euri défient les normes traditionnelles de genre, offrant une nouvelle perspective sur leurs représentations. L’esthétique rockabilly d’O’Dessa contraste fortement avec le personnage scénique trop sexualisé d’Euri, qui comprend une superbe robe de mariée en dentelle. Leur relation se déroule d’une manière qui remet en question la dynamique hétérosexuelle typique souvent décrite dans les films.
Si le public peut trouver un certain attrait dans le refus de se conformer aux rôles conventionnels des sexes, les faiblesses structurelles du film laissent beaucoup à désirer.O’Dessa se concentre finalement sur l’attrait esthétique, ce qui suggère peut-être qu’un film fortement axé sur les visuels pourrait avoir du mal à atteindre une signification profonde au-delà de son charme superficiel.
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