Comprendre la comédie
L’humour est à son apogée lorsque ses personnages sont parfaitement inconscients de l’humour qui les entoure. On en trouve un parfait exemple dans l’univers cinématographique Marvel (MCU), où les personnages les plus hilarants restent souvent complètement inconscients de leur impact comique. Ces performances mettent en valeur une sincérité authentique qui renforce l’effet comique. Les acteurs comiques les plus réussis insufflent de la sincérité dans les absurdités de leurs personnages , ce qui permet au public d’avoir l’impression d’interagir avec de véritables individus surpris par leur propre humour.
Le monde de la comédie physique illustre parfaitement ce concept. Lorsqu’un personnage reconnaît que ses chutes ou ses mouvements maladroits sont amusants, l’humour diminue. L’humour devient frustrant car sa maladresse intentionnelle devient un obstacle pour les autres. Ce principe est vrai pour les personnages comiques emblématiques interprétés par Ben Stiller et Will Ferrell. Si ces acteurs construisent délibérément des performances comiques, ceux qui sont inconscients de la comédie suscitent souvent davantage de rires, car le public trouve de la joie non seulement dans les actions du personnage, mais aussi dans l’inconscience des acteurs.
10. Patrick Bateman
American Psycho (2000)
Dans l’exploration de l’intention dans les performances, Christian Bale a interprété Patrick Bateman de manière remarquable. Il a reconnu que le personnage sert de parodie des attitudes narcissiques et délirantes typiques des banquiers de Wall Street. Avec un langage corporel exagéré et des traits du visage expressifs, Bale a créé un personnage dont l’image absurde de lui-même cache ses actions dérangeantes. Au lieu de représenter un monstre nihiliste, Bateman se transforme en personnage tragi-comique, exposant les dangers du narcissisme et du consumérisme effréné, symbolisés par sa fascination obsessionnelle pour la musique et les cartes de visite.
Le comportement excessivement sérieux de Bateman, mêlé à une absurdité habituelle, injecte du rire dans le récit. Le dévouement de Bale fait de Bateman un clown perdu dans un royaume d’illusions mortelles, accompagné de scènes de lui dansant tout en dissimulant négligemment une hache, illustrant ainsi la pure comédie physique.
9. Le Roi Scorpion
Le retour de la momie (2001)
Les débuts de Dwayne Johnson dans le rôle de The Rock dans Le Retour de la momie ont ouvert la voie à ses futurs rôles remplis d’humour inattendu. Bien que Johnson soit plus traditionnellement connu pour son personnage de héros d’action, les éléments comiques de ce rôle sont riches en ironie, en particulier compte tenu des effets visuels et de la narration discutables du film. Son interprétation du Roi Scorpion illustre un personnage qui devient comique par inadvertance en raison de ses manières exagérées et de son inconscience de sa propre absurdité.
Avec des effets visuels déconcertants et irréalistes et un ton trop sérieux, la performance de Johnson transforme le rôle du méchant en une source de soulagement comique plutôt qu’en une véritable peur, faisant de lui un élément mémorable de l’expérience cinématographique.
8. Elliot Moore
L’événement (2008)
M. Night Shyamalan, autrefois vénéré pour ses films d’horreur innovants, a connu un tournant important avec The Happening. Après une succession de films acclamés par la critique, ce film a connu des ratés avec son scénario bizarre et ses dialogues de bois, qui s’apparentent plus à une comédie involontaire qu’à un film d’horreur. L’interprétation d’Elliot Moore par Mark Wahlberg est particulièrement remarquable pour sa maladresse, ce qui donne lieu à une performance qui laisse les spectateurs perplexes.
Notes des critiques de Rotten Tomatoes pour les films de M. Night Shyamalan |
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Film |
Score |
Le sixième sens (1999) |
86% |
Incassable (2000) |
70% |
Signes (2002) |
75% |
L’événement (2008) |
17% |
Le dernier maître de l’air (2010) |
5% |
Après la Terre (2013) |
12% |
Avec ses dialogues déroutants, le personnage d’Elliot incarné par Wahlberg incarne une sorte de perplexité maladroite qui détourne l’attention de tout récit sérieux. Il en résulte des moments qui suscitent plus de rire que d’effroi, mettant en valeur un ton comique involontaire dans un film qui aspirait à l’horreur.
7. Dominic Toretto
Fast X (2023)
L’interprétation de Dominic Toretto par Vin Diesel vise à illustrer un protecteur féroce et dévoué à sa famille, mais au fil du temps, elle semble virer à la comédie involontaire. Le comportement sérieux du personnage et ses discussions répétitives sur l’importance de la « famille » ont évolué vers un gag récurrent, donnant lieu à des mèmes qui soulignent l’absurdité de ses monologues intenses.
Au fil de la série, l’autosatisfaction de Dom, juxtaposée aux facéties humoristiques de ses personnages secondaires, amplifie les nuances comiques présentes dans son personnage. Chaque remarque trop sérieuse ne fait qu’ajouter à l’hilarité, faisant de Toretto un cas mémorable d’humour involontaire dans l’histoire de la franchise.
6. Docteur Noël Jones
Le monde ne suffit pas (1999)
L’archétype de la James Bond girl est souvent critiqué pour avoir relégué les personnages féminins au rang de simples plaisirs pour les yeux, et le Dr Christmas Jones souligne cette critique. Incarnée par Denise Richards, son personnage est parsemé de moments absurdes qui passent de la profondeur voulue au comique. Le film introduit des répliques embarrassantes telles que « Je pensais que Noël n’arrivait qu’une fois par an », qui mettent en évidence le manque de sérieux du scénario à l’égard de l’intelligence du personnage.
Malheureusement, le Dr Jones ne parvient pas à dépasser son rôle de caricature, car ses dialogues attirent souvent l’attention sur son interprétation erronée. La performance de Richards n’a pas réussi à fournir la profondeur attendue d’un personnage positionné comme un scientifique nucléaire, ce qui a donné lieu à un héritage comique involontaire au sein de la franchise Bond.
5. Eddie Brock et Venom
Venin (2018)
Le personnage de Venom, à travers la performance dynamique de Tom Hardy, incarne le mélange de comédie et d’action. Bien que positionné au départ comme un film de super-héros sombre, l’alchimie entre Eddie Brock et Venom crée un duo comique rappelant un partenariat de sitcom plutôt qu’un héros de combat conventionnel. Les échanges maladroits entre les personnages offrent de véritables rires, mettant en valeur la capacité de Hardy à fusionner l’humour avec des thèmes plus sombres.
Cet humour voulu donne lieu à des scènes où les interactions des personnages, plutôt que des séquences d’action grandioses, deviennent le point culminant, renforçant le charme comique inattendu du film.
4. Nomi Malone
Les filles du spectacle (1995)
Avec sa réputation de dialogues embarrassants et de performances infâmes, Showgirls de Paul Verhoeven a gagné une place douteuse dans l’histoire du cinéma. Le film présente une critique sévère de l’industrie du divertissement, mais finit par ressembler plus à une parodie qu’à un véritable reflet de ses thèmes. Nomi Malone, interprétée par Elizabeth Berkley, oscille entre ambition crue et dialogues risibles.
Son débit incohérent, comme le embarrassant « Nomi a du cœur », combiné à ses changements drastiques d’émotions, réduit sa complexité et la transforme en source de rire involontaire. Les spectateurs ont du mal à prendre son personnage au sérieux au milieu de la maladresse omniprésente qui règne tout au long du film.
3. Cameron Poe
Con Air (1997)
La performance de Nicolas Cage dans le rôle de Cameron Poe dans Con Air illustre parfaitement la notion de surjeu qui mène à la brillance comique. Cage, reconnu à l’origine pour son talent dramatique, a évolué vers des rôles qui exigeaient des expressions exagérées et des comportements erratiques, ce qui a donné lieu à un humour involontaire tissé même dans les intrigues les plus sérieuses. L’accent du Sud de Poe, associé à la pléthore de mièvreries du film, crée un scénario qui semble plus farcesque que dramatique.
L’exécution excentrique du rôle par Cage élève le personnage de Poe à un niveau d’hilarité mémorable, démontrant une maîtrise admirable de son art, malgré l’absurdité de la prémisse du film.
2. M. Freeze
Batman et Robin (1997)
L’interprétation de Mr. Freeze par Arnold Schwarzenegger dans Batman & Robin est largement considérée comme l’une des performances de super-héros les plus regrettables, frôlant irrésistiblement la comédie. Le personnage, qui cherche à mélanger méchanceté et humour, se transforme plutôt en une série de jeux de mots embarrassants et de répliques ridicules qui mettent complètement de côté toute menace sérieuse posée par le personnage.
Le côté comique flagrant associé à des visuels somptueux suscite le rire dans un film qui a eu du mal à capturer son intention originale, renforçant ainsi son statut de l’une des représentations les plus involontairement humoristiques d’un célèbre personnage de bande dessinée.
1. Johnny
La Chambre (2003)
The Room, créé par Tommy Wiseau, a consolidé son héritage en tant que film par excellence « si mauvais qu’il est bon », défiant les paradigmes cinématographiques traditionnels. L’ambition de Wiseau de porter plusieurs casquettes – scénariste, réalisateur, acteur – a donné lieu à un film qui ne parvient pas à engager le public dans le voyage dramatique attendu. Johnny, le protagoniste, tente de susciter l’empathie et la connexion ; cependant, les interprétations ridicules de Wiseau laissent le public complètement perplexe.
Ses fluctuations émotionnelles erratiques et ses prises de décisions déroutantes brouillent la frontière entre la comédie involontaire et la narration sérieuse, faisant de Johnny un personnage purement amusant plutôt qu’un personnage attachant. Le manque général de conscience de soi du film garantit que les spectateurs trouvent du rire là où la tristesse était censée être recherchée.
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